martes, 22 de enero de 2008

LETTRE DE PATRICIA TRONCOSO A LA PRESIDENTE DU CHILI DITE, LA CHEPA ( LA LIONNE)

Je souhaite signaler et clamer que la grève de la faim que j’assume jusqu’à ce jour, je vais la poursuivre et ceci est un message que j’adresse à M. Christian Dulansky, secrétaire régional du ministère de la Justice. J’ai déjà perdu 20 kilos et demi mais je ne m’arrêterai pas et ne ferai pas de pause car, l’an dernier, ce même gouvernement de la Concertation nous a trompés. Il a envoyé deux de ses sénateurs avec la signature et l’engagement de plusieurs députés et sénateurs qui ont proposé un projet de loi pour réparer l’injustice que ces mêmes gouvernements de la Concertation ont commis à l’encontre de notre Peuple en nous condamnant avec des lois hautement répressives héritées de la dictature militaire de Pinochet.

Face à cette situation, je suis disposée à poursuivre la grève et à soutenir aussi Monseigneur Camilo Vial car cet évêque a été aussi, l’an passé, notre garant et il a cru - comme nous - à ce fameux projet de loi. Nous, avec l’église et les grévistes, nous avons été victimes de notre naïveté face à ceux qui ne nous ont accordé de liberté. Cette année ne se passera pas ainsi. Cette année, en ce qui me concerne, j’irai jusqu’à la fin et si ma mort est utile pour la libération des prisonniers, je continuerai.

Le gouvernement (chilien) est l’unique responsable de toutes les injustises qui ont été commises pendant toute cette période, pas seulement avec l’emprisonnement de nos dirigeants mais aussi avec la persécution et les violentes répressions qui se sont abattues sur nos communautés en utilisant tous types de prétextes et de mensonges pour les justifier.

La dernière excuse qu’ils ont trouvée pour perquisitionner nos communautés a été le prétexte de la recherche d’un miltant du groupe Lautaro, prétendûment réfugié dans nos communautés. Cela leur a permis de saccager les maisons, d’arrêter des membres des communautés et devant cette situation, personne n’a réagi.

Je souhaite demander à Mme Bachelet : que ressentez-vous, Madame la Présidente ? Vous avez été torturée ? Et aujourd’hui quel plaisir ressentez-vous de nous torturer à votre tour ? Comment vous sentez-vous quand il y a des personnes qui ont déjà fait 65 ou 66 jours de grève de la faim - je ne sais plus depuis combien de jours on est en grève de la faim, mais je sais que chaque jour, un peu de notre vie s’en va. Que ressentez-vous ?

Madame la Présidente, vous ne nous reconnaissez pas comme prisonniers politiques, même à l’étranger ? Pourquoi croyez-vous que nous sommes prisonniers de votre gouvernement ? Savez-vous pourquoi ? Parce que nous sommes en réalité ceux qui sont en train de retarder l’expansion et le renforcement des riches et vous, Madame, vous êtes en faveur des riches, en faveur des entrepreneurs. Parce qu’aujourd’hui toute personne qui se mobilise subit de terribles violations du droit de dire ce que l’on pense de s’exprimer comme on le souhaite. Je ne suis pas disposée à participer à votre jeu. Je ne crois pas en votre gouvernement ni en vos bonnes intentions car vous nous avez tourné le dos à nous tous, les pauvres, car vous êtes en faveur de la classe dominante. La classe qui régit les lois, les tribunaux et toute l’économie de ce pays.

Quel dommage, Madame, que vous ayez oublié toutes ces souffrances. Quel dommage, Madame, que vous ayez oublié les mauvais traitements, que vous ayez oublié tout ce que signifie la prison politique et la mort de tant de gens. Peut-être cela vous servira-t-il de référence mais sachez qu’avec l’attitude arrogante de votre gouvernement, de vos représentants, aujourd’hui, vous nous torturez, vous nous condamnez à une mort silencieuse. Vous nous condamnez à une faim que nous ressentons, jusqu’à pleurer d’être affamé sachant que nous ne pourrons pas nous arrêter, comme l’an dernier, tant que nous n’aurons rien obtenu de concret.

Premièrement, vous le savez : arrêtez la répression dans les communautés, chassez vos policiers, chassez vos carabiniers qui assiègent les communautés. Envoyez-les en ville pour arrêter la délinquance. Les carabiniers doivent cesser d’être des gardes forestiers et cesser d’être au service des riches pour que ceux-là puissent continuer à exploiter des terres qu’ils nous ont volées et usurpées.

Deuxièmement, nous demandons la révision du procès de Poluco-Pidenco. Vous savez que vous avez appliqué la loi antiterroriste aux dirigeants d’Ercilla pour pouvoir minimiser leurs revendications de terres. Nous n’avons jamais mis le feu à la propriété, vous le savez, mais nous avons été condamnés à dix années et un jour de prison. Entre-temps un jugement a acquitté des “comuneros mapuche” pour le même délit et récemment, au mois de mars, un autre dirigeant mapuche a été condamné pour un simple incendie. Vous savez cela ? Il me paraît surprenant, pour le moins, qu’un même délit ait été interprété différemment selon les juges. Pour l’un des juges, nous étions des terroristes, pour l’autre, il n’était pas question de terrorisme et personne n’était coupable, pour le troisième juge, le delit a été considéré comme un simple incendie. Nous exígeons que la qualification de terrorisme soit retirée dans le cas de simples incendies délictueux. Madame, ce sont les mêmes lois de Pinochet que vous continuez d’utiliser pour réprimer le peuple mapuche.

Troisièmement, pendant notre détention, nous avons été qualifiés comme des prisonniers modèles, c’est le cas de Jaime Marileo, comme c’est le mien, Patricia Troncoso, et aussi celui de mon frère, Juan Millalen qui a été jugé deux fois, ce qui est un fait historique. Savez-vous que la Constitution établit que personne ne peut être jugé deux fois pour le même délit. Juan Millalen a été condamné deux fois pour le même délit. Nous demandons le minimum : sortir les fins de semaine pour retourner dans nos foyers et retourner à nos vies. Cessez de nous prendre en otages ici, otages souffrant de la faim, de l’angoisse et de celle de nos familles, car nous ne sommes pas les seuls prisonniers dans cette situation.

Ce sont là mes dernières paroles qui peut-être vont sortir dans la presse car je ne me sens pas en bonnes conditions, Madame la Présidente, vous devez être au courant. Tous les jours vous recevez des rapports médicaux dans votre bureau, et les dépêches des responsables de la prison (d’Angol).

J’attends que vous fassiez votre travail, celui pour lequel les Chiliens vous ont élue, celui pour lequel les Chiliens vous ont soutenue, pour faire quelque chose de valable pour notre peuple mapuche... mais que vous n’avez pas fait.

Liberté pour tous les prisonniers politiques : la Longko Juana Calfunao qui a été trahie quand on lui a proposé la liberté pour elle et sa famille si elle arrêtait sa grève de la faim, promesse qui n’a pas été tenue.

Liberté pour la famille de Juana Calfuanao, liberté pour Waikilaf Cadin Calfunao qui se trouve dans une prison de haute sécurité à Santiago (à 800 km de sa communauté).

Liberté à tous les Peñi (frères mapuche) et les Lamien (sœurs mapuche) qui sont détenus dans diferentes prisons du pays car eux aussi méritent la liberté et un jugement équitable.

Dans ce gouvernement “démocratique” on a pratiqué la torture, on a torturé pour faire avouer et dénoncer d’autres Mapuche. Je parle précisément du cas d’Hector Llaitul, qui est membre, comme il l’a dit, de la Coordinadora Arauco Malleco (CAM). Il a été jugé avec des témoins qui ont été torturés et les Organisations de Défense des droits de l’homme en ont bien connaissance.

Nous espérons que cette fois, la table de négociation aboutira à un résultat concret, parce que les Mapuche ont une seule parole, et vous n’en avez pas.

No hay comentarios: