jueves, 30 de agosto de 2007

LA CHASSE A L'ENFANT CONTINUE


LE MINISTRE DE L'EXPULSION A FLUX TENDU

Sous la haute autorité de M. Hortefeux, la PAF (police aux frontières) vient de tenter l'exploit d'expulser toute une famille, le père, la mère et deux enfants vers le Kazakhstan en 24 heures. Et, heureusement, de rater son coup. Le ministre se rêve en capitaine d'industrie compétitive, l'expulsion à flux tendu, zéro panne, zéro défaut, zéro délai. Sauf que c'est d'humains, de parents et d'enfants qu'il s'agit ! De plus, au-delà de l'inhumanité de la mesure, des questions se posent sur le respect des procédures auxquelles il faudra que la police et les préfectures répondent.

Si Vladimir et Yekaterina Popov ont jamais eu des illusions sur le sens de l'humanité des ministres et des responsables de la haute administration française, ils ont sans doute déchanté.

Comme beaucoup de Kazakhs d'origine russe, Vladimir et Yekaterina ont été accusés d'avoir été des « colonisateurs » pendant l'ère soviétique et persécutés. Toute la famille a fui vers la France et demandé l'asile. Ils ont été déboutés. Le beau-père de Yekaterina (second mari de sa mère) a été assassiné à son retour au pays après que sa demande d'asile en France ait été rejetée.

Vladimir et Yekaterina et leur fille, Véronique (4 ans) (Geoffrey n'était pas encore né, tous deux sont nés en France) avaient été arrêtés une première fois en octobre 2006. Ils avaient été libérés sur intervention du ministère de l'Intérieur avant d'être arrêtés une seconde fois et libérés à nouveau suite à une importante mobilisation à Charleville.

Persécutés à Charleville-Mezières, ils s'étaient réfugiés chez Galina, la mère de Yekaterina à Angers. C'est là que le 27 août les gendarmes sont venus les cueillir à 7 heures du matin, embarquant du même coup le mari français de Galina (libéré par la suite, mais on ramasse tout, on trie ensuite !).

Après une journée en rétention dans un hôtel réquisitionné d'Angers, ils étaient levés à 3 heures du matin et conduits à Roissy où la police espérait les mettre dans un avion à destination d'Astana via Frankfort. Une expulsion minute en quelque sorte, longuement préméditée : les places avaient été retenues, un laissez-passer demandé pour Vladimir et la passeport d'Yekaterina retrouvé. Le fait que cette dernière ait reçu un courrier officiel l'informant qu'elle était déchue de la citoyenneté Kazakh ? La police s'en fiche ! Qu'il n'existe aucun document pour le bébé ? Idem ! Quand on est pressé, on ne fignole pas dans la procédure. L'essentiel, c'est de faire son chiffre.

Pourtant, quelque chose a grippé dans cette terrifiante mécanique à expulser à la va-vite. Pour une raison encore inconnue, le projet a capoté et toute la famille a été transportée au centre de rétention de Oissel, près de Rouen. Angers-Roissy-Oissel dans la journée, ça est très bon pour les enfants : les voyages dans les fourgons de la PAF forment la jeunesse ?

Cette affaire est très inquiétante. Sur le respect des procédures par les préfectures et la police. Mais surtout quant au respect des principes les plus élémentaires des droits de l'homme et de ceux des enfants. Vendredi on démantèle une famille algérienne, la mère et les deux enfants sont expulsés tandis que le père reste en France, samedi on met une mère de 22 ans en prison tandis que son mari est caché et que sa fille de 2 ans est confiée à l'ASE, lundi on tente de procéder à l'expulsion à la sauvette de toute une famille. Où le ministre compte-t-il exactement s'arrêter ? Que compte-t-il demander de plus à la police en matière d'horreur ? Il est temps, plus que temps, que se lève un vent d'indignation contre ces pratiques. Sinon, ça risque de finir mal, très mal.

RESF et le CAIR-CIMADE demandent la libération immédiate de cette famille et sa régularisation.

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