lunes, 3 de septiembre de 2007

LIBEREZ JOSE MARIA SISON!


C'est avec énormément de colère que nous avons appris la nouvelle de l'arrestation du camarade Jose Maria Sison par la police néerlandaise. Fondateur du Parti communiste des Philippines, ex-prisonnier politique à l'époque de la dictature de Ferdinand Marcos, "Ka Joma" vit en exil depuis près de 20 ans aux Pays-Bas avec le statut de réfugié politique. Il agit désormais comme consultant politique principal du Front national démocratique et préside la Ligue internationale des luttes des peuples (International League of Peoples' Struggle, ILPS).

Ka Joma a été arrêté mardi matin alors que la police souhaitait hypocritement en savoir plus à propos de la cause qu'il a récemment remportée devant le Tribunal de première instance des Communautés européennes (voir Arsenal-express, n° 147, le 15 juillet 2007). Une fois rendu au poste, on l'a séparé de son avocat, avant de le mettre en état d'arrestation et de le transférer à la prison de La Haye.

Au même moment, vers 9h30, des flics habillés en civil défonçaient la porte de son domicile où se trouvait sa conjointe Julie; ils y sont restés jusque tard dans la soirée, emportant les documents, ordinateurs et CD-ROM qui s'y trouvaient. Des perquisitions similaires, la plupart sans mandat, se sont déroulées parallèlement dans les bureaux du NDF à Utrecht, de même qu'au domicile de plusieurs réfugiéEs politiques philippinEs. Dans certains cas, les flics ont pris d'assaut des résidences privées où ne se trouvaient que des personnes mineures.

Le gouvernement néerlandais prétend relier le camarade Sison à l'assassinat de deux ex-membres du Parti communiste des Philippines, dont l'exécution a été revendiquée il y a quatre ans par la guérilla maoïste. En fait, son arrestation s'inscrit dans une longue série d'efforts, menés conjointement avec le gouvernement des Philippines et l'impérialisme US, pour le faire taire, voire l'éliminer. Joma a comparu vendredi après-midi devant un juge néerlandais qui a ordonné son maintien en détention pour les 14 prochains jours.

L'arrestation de Sison a été accueillie par un tollé de protestations. À Makati aux Philippines, la police a sauvagement dispersé une ligne de piquetage convoquée par l'organisation patriotique BAYAN. À Amsterdam, plus d'une centaine de personnes ont manifesté pour exiger la libération immédiate du camarade Sison. Au Canada, des lignes de piquetage ont déjà eu lieu devant les consulats des Pays-Bas à Vancouver et Montréal. Le Centre d'appui aux Philippines, qui travaille depuis plus de 25 ans à développer la solidarité avec le peuple philippin, a également lancé une grande campagne d'envoi de télécopies à l'ambassade des Pays-Bas (plus de détails sur http://cap-cpc.blogspot.com). Le Parti communiste révolutionnaire joint sa voix aux organisations militantes de la communauté philippine pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle du camarade Joma!
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Communiqué du Centre d'appui aux Philippines EXIGEONS LA LIBÉRATION IMMÉDIATE ET INCONDITIONNELLE DE JOSE MARIA SISON!
Le Centre d'appui aux Philippines (CAP-CPC) condamne avec véhémence l'arrestation du professeur Jose Maria Sison par la police néerlandaise sous de fausses accusations d'"assassinats multiples". Âgé de 68 ans, le professeur Sison vit aux Pays-Bas depuis près de 20 ans avec le statut de réfugié politique, qui lui a été reconnu en vertu de la Convention relative au statut des réfugiés et la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Composé de CanadienNEs et de PhilippinEs vivant outre-mer éprisES de paix et de liberté, le CAP-CPC exige la libération immédiate et inconditionnelle de Jose Maria Sison.

Le professeur Sison a été arrêté le 28 août 2007. Les policiers ont défoncé la porte de son domicile et saisi papiers, dossiers, ordinateurs et CD-ROM. Au cours de la même opération, la police a perquisitionné sans mandat les domiciles d'autres réfugiéEs philippinEs vivant aux Pays-Bas, ainsi que les bureaux du Front national démocratique situés à Utrecht, s'emparant de boîtes entières de documents, de dossiers et des ordinateurs. Les témoins rapportent que toute l'opération fut conduite dans le plus pur style de la Gestapo. Le professeur Sison est accusé des meurtres de Romulo Kintanar et Arturo Tabara. La police néerlandaise prétend qu'il aurait ordonné que ces meurtres soient commis en 2003, depuis les Pays-Bas. Le procès où il devra répondre de ces accusations inventées de toutes pièces se déroulera aux Pays-Bas, et non aux Philippines.

Nous sommes convaincu
Es que les vrais motifs de l'arrestation du professeur Sison sont d'ordre politique et non criminel. Depuis près de 40 ans, Jose Maria Sison est une figure de proue du mouvement révolutionnaire national et démocratique aux Philippines. Dès le début des années 1960, il fut l'un des pionniers ayant relancé le mouvement anti-impérialiste aux Philippines; il a également joué un rôle-clé dans la remise sur pied du Parti communiste des Philippines (PCP). Par la suite, pendant neuf ans, il fut le plus célèbre prisonnier politique du régime du dictateur Ferdinand Marcos.

Cela fait plusieurs années que le gouvernement philippin trame toutes sortes de complots dans le but de le faire taire. Encore récemment, Sison a pu mettre la main sur des documents qui faisaient état d'une intervention du conseiller à la sécurité nationale, Norberto Gonzales, devant le conseil des ministres, dans laquelle ce dernier se disait d'avis que l'assassinat de Sison contribuerait à résoudre l'actuel soulèvement armé aux Philippines. Un tel dénouement n'aurait rien de surprenant quand on sait que plus de 850 assassinats politiques extrajudiciaires ont été perpétrés impunément sous le règne de l'actuelle présidente Gloria Macapagal-Arroyo.

Jose Maria Sison a également été la cible de nombreuses campagnes de diffamation. Après que l'administration Bush eut déclenché sa soi-disant "guerre globale contre la terreur" en 2001, les États-Unis, l'Union européenne, le Canada et d'autres États lui ont accolé l'étiquette de "terroriste", tout comme ils l'ont fait à l'endroit de la Nouvelle armée populaire et du Parti communiste des Philippines. Cette attaque directe contre Sison et sa famille était aussi une attaque à l'ensemble des anti-impérialistes, et à toutes les personnes éprises de paix et de liberté à travers le monde. Au Canada, nous ne connaissons que trop bien les effets pernicieux des mesures anti-terroristes répressives et réactionnaires qui entraînent la persécution injustifiée de civils innocents, comme on l'a vu dans le cas de Maher Arar. Il semble maintenant que le gouvernement philippin ait conclu un marché du même genre avec les autorités néerlandaises, avec l'intention de criminaliser et de réduire au silence l'un des critiques les plus bruyants et influents du gouvernement Arroyo.

Le gouvernement philippin veut se débarrasser du professeur Sison parce qu'à titre de principal consultant politique du Front national démocratique des Philippines (le NDF), il incarne les aspirations et les luttes que le peuple philippin mène depuis plus de 30 ans dans le cadre de la guerre révolutionnaire pour la libération nationale et sociale qui se déroule dans ce pays. Reconnu comme un militant anti-impérialiste inébranlable, Jose Maria Sison incarne également l'esprit de la solidarité internationale authentique, nécessaire à l'établissement d'une paix juste et durable.

Cette arrestation survient à la suite d'une série d'événements impliquant Sison. Plus tôt cette année, le Tribunal de première instance des Communautés européennes annulait la décision du Conseil de l'Union européenne qui avait ajouté le nom de Jose Maria Sison sur sa liste noire des individus et organisations "terroristes". Fait à noter, le gouvernement néerlandais a refusé de se conformer à cette décision en prétendant que le verdict ne s'appliquait qu'à l'ancienne liste sur laquelle le nom de Sison apparaissait, et non à la nouvelle que l'Union européenne a confectionnée le 29 juin dernier -- un point de vue que partage le gouvernement philippin.

En outre, le professeur Sison est l'un des principaux intervenants ayant poussé à la reprise des pourparlers de paix entre le NDF et le gouvernement philippin. Sous les auspices de la guerre états-unienne contre la terreur, l'administration de la présidente Arroyo a récemment choisi d'intensifier ses opérations de guerre totale, en particulier dans l'île de Mindanao située dans le sud des Philippines, où la minorité musulmane est concentrée. Par cette décision, le régime Arroyo souhaite amener le gouvernement des États-Unis à augmenter l'aide militaire qu'il lui accorde bon an, mal an.

Ajoutons que le professeur Sison a largement contribué à attirer l'attention de l'opinion mondiale sur l'actuelle vague d'assassinats politiques qui se déroule aux Philippines; suite à cela, le gouvernement philippin se retrouve d'ailleurs dans la mire des organisations de défense des droits de la personne telles le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Amnistie internationale, Human Rights Watch et même le Sénat américain, dont l'audience qu'il a tenue à ce sujet pourrait même conduire à la réduction de l'aide militaire états-unienne aux Philippines.

Concernant les prétendues accusations criminelles portées contre Sison, précisons que la Nouvelle armée populaire (New People's Army, NPA) a déjà revendiqué la responsabilité de l'exécution de Kintanar et Tabara. Jose Maria Sison admet avoir participé à la fondation du Parti communiste des Philippines et en avoir été le premier président, de 1968 jusqu'à son arrestation par le régime Marcos en 1977. Toutefois, il affirme très clairement ne plus faire partie de la direction du parti, ni de la NPA, sa seule responsabilité étant désormais celle de consultant politique principal du Front national démocratique.

Sison explique: "Mes ennemis sont extraordinairement menteurs et stupides lorsqu'ils jettent le blâme sur moi pour les actions révolutionnaires réalisées par la NPA, sachant que cela fait plus de 20 ans que je vis en-dehors des Philippines. À plusieurs reprises déjà, des procureurs et des juges ont écarté ces accusations portées contre moi, étant donné leur fausseté patente et le fait que je ne suis plus sous leur juridiction."

"En juillet 2007, la Cour suprême des Philippines -- rien de moins! -- a ordonné l'arrêt des procédures suite à l'accusation de rébellion qui avait été portée contre moi et contre une cinquantaine d'autres militantes et militants, écartant les centaines de soi-disant 'preuves' que le régime disait avoir à notre sujet. Cette fausse accusation et ces 'preuves' couvraient toute la période allant de la fondation du Parti communiste des Philippines en 1968 jusqu'au moment où les accusations ont été portées en 2006. Ces 'preuves' ayant été écartées, elles ne peuvent plus être utilisées pour porter quelque nouvelle accusation que ce soit." Sauf qu'une fois de plus, il semble bien que le gouvernement Arroyo et ses homologues néerlandais soient prêts à se livrer à toutes les bassesses pour mettre la main sur Sison.

Le Parti communiste des Philippines, la NPA et le NDF dirigent une lutte populaire exemplaire pour la libération nationale et la démocratie, contre la domination étrangère et contre toute forme d'oppression et d'exploitation. Nous rejetons l'idée que les luttes de libération nationale, y compris lorsqu'elles prennent la forme d'une lutte armée, équivalent au "terrorisme". Nous sommes préoccupéEs par le fait que des organisations politiques légitimes et les individuEs qui les soutiennent, incluant des revendicateurs légitimes du statut de réfugiéE et des réfugiéEs politiques reconnuEs comme telLEs, puissent devenir la cible de mesures répressives injustifiées, au nom de la lutte contre le terrorisme.

L'inclusion du professeur Sison et de divers mouvements révolutionnaires sur une liste noire, notamment par l'Union européenne et le Canada, ne laisse présager rien de bon pour la démocratie. Les groupes et individuEs qui expriment concrètement leur solidarité avec ces mouvements pourraient bien être les prochaines victimes. Les droits démocratiques à la liberté d'expression et d'association sont en jeu. La valeur humaine de la solidarité est menacée.

Nous sommes d'accord avec l'évêque Millamena de l'Église indépendante des Philippines, qui disait dans une récente entrevue: "Le professeur Sison n'est pas un terroriste. Tout ce qu'il fait, c'est de lutter avec les pauvres pour que ceux-ci puissent vivre dignement. Cette lutte est légitime." L'ex-vice-président des Philippines, Teofisto Guingona, a lui-même ajouté à cette déclaration qu'il faut savoir "faire la différence entre un rebelle qui lutte contre la faim et contre ce qu'il perçoit comme une injustice, et un terroriste qui cherche à répandre la terreur et la haine".

Comme pays qui se proclame champion de la démocratie et des droits de la personne, le Canada doit retirer immédiatement et inconditionnellement le nom du professeur Sison de sa liste des "organisations terroristes étrangères" établie en vertu de la Convention internationale pour la suppression du financement du terrorisme.

Et nous exigeons du gouvernement et de la police néerlandaisEs qu'ils libèrent immédiatement et inconditionnellement le professeur Jose Maria Sison!
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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 152, le 31 août 2007.
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